The Real Thing is Called Calcutta

Jacques Lacan, in his Seminar 16 From an Other to another, writes: “Let us be direct, let us be expeditious, and let us place somewhere what not long ago I called the real thing. Just as I described it, it is evident that it draws some interest. There is a film about Calcutta by Louis Malle, which I haven’t seen yet, where a lot of people starve to death. That is the real thing. Where people starve to death, they do starve to death. Nothing lacks. Why are they beginning to talk about the lack? Because they’ve become part of an empire. Without this empire’s needs, Calcutta would not even exist, and there wouldn’t have been agglomerations in that place. I’m not a good historian to know that, but I accept it because it is told to us.”

Louis Malle devoted himself to the above-mentioned production between 1968 and 1974. Calcutta is a documentary film made in eighteen days of work from February 1968 and during the filmmaker’s voyage to India when he was hired by the French television for a TV series of seven 52-minute films each: Phantom India: reflections on a journey.

Louis Malle avoids any edition effect; with long sequence shots he shows unbearable scenes: death registered in the streets, with the people’s ritual in the sacred River Ganges where the camera becomes a witness that catches the unavoidable reality of a social body pierced by misery. Nowadays, Calcutta has got almost 16 million inhabitants. Since 2000, the city got back its old name Kolkata, which derives from a term that calls it Kali’s land, a goddess of Hinduism who is worshipped.

Garbage piled up at the corners, and thousands of people sleeping in the streets and avenues are part of the urban landscape that includes millions of vendors who are roaming at any time. People sleep, eat, bathe and live in the open. Their poverty crushes our soul. The river that splits this megacity into two is not the Ganges, but one of its tributaries. Nevertheless, this water is sacred for the Bengali people who live there. On its margins, pilgrims cram in order to only bathe, purify their bodies, leave any kind of offerings or perform funeral rites that are thoroughly detailed by Louis Malle through utilizing the camera. Famine, agglomeration, the remains of an Empire:

“Modern empires allow their lack to leak just because the knowledge reached in them a growth no doubt measureless concerning the effects of power. The modern empire’s got the priority of, wherever its wings may spread, being accompanied by this disjunction in whose name famine in India may become a motive that incites us to subversion or universal revision, to do something real, come on! (Jacques Lacan, Sem. 16).

Jacques Lacan published in Le Noveul Observateur (March 29, 1976) an opinion about the filmmaker Jacquot Benoit’s film“L’assassin musical”. In that note, he asserts that cinema is an art conceived to be liked, but it’s got a peculiarity that makes it fundamental: cinema’s got the ability to be convincing and, if there is also the filmmaker’s talent, it is a plus that Lacan points out like hitting the mark.

The real thing hits the mark. It points at the intimate detail that provokes on the temporal logic something before and something after. But the presence of the real thing touches the subjective structure in a wide spectrum, variables expressed in the inhibition or in the management capacity only as possible examples. Jacques-Alain Miller on his January 13 (1999) course asks if one can be served by the real thing, and agrees with Lacan: we can manage and bear the real thing. We don’t muddle with it.

The presence of the real thing reminds us by shouting that the symbolic thing can be circumscribed to the triumph of the imaginary. From world’s famine to episodes of individual privacy of liberty (as recently occurred in the Mitra case) can gather us, not only psychoanalysts but also all those who commit ourselves with a link that reaches a society that is adrift. A possible research applied to the discursive and social field can be proposed as a response to the real thing paraphrasing that letter written by Freud to Einstein where to the scientist’s reflection expressed in a poetical way “even the slightest dewdrop fallen from a rose petal onto the floor impacts on the farthest star” receives as an answer from the Viennese genius, to have the right to tell us that everything that promotes the development of culture works also to be served by the real thing.

Le réél s´appelle calcutta

Dans son séminaire 16, D´UN AUTRE À L´AUTRE, Jacques Lacan écrit: “Soyons directs, efficaces, et traitons ce que j´ai appelé récemment le réél. Il est évident que cela intéresse, tel que je l´ai décrit. Il y a, me semble-t-il, un film de Louis Malle sur Calcutta où l´on voit bon nombre de gens qui meurent de faim. Je ne l´ai pas encore vu. Ca, c´est la réalité. Là où les gens meurent de faim, ils meurent de faim. Il ne manque rien. Pourquoi on commence à parler de manque ? Parce qu´ils ont fait partie d´un empire. Sans les besoins de cet empire, il n´y aurait même pas eu Calcutta, il n´y aurait pas eu d´agglomération à cet endroit. Je n´ai pas assez de connaissances en histoire pour le savoir, mais je l´accepte parce qu´on nous le dit.”

Louis Malle se consacra à la réalisation mentionnée entre les années 1968 et 1974. Calcutta est un documentaire tourné pendant 18 journées de travail à partir de février 1968, au cours d´un voyage du cinéaste en Inde, engagé par la télévision francaise pour une série télévisuelle de sept films d´une durée de 52 minutes chacun, L´INDE FANTASMAGORIE, RÉFLÉXIONS AUTOUR D´UN VOYAGE.

Louis Malle évite tout effet de montage et montre des scènes insupportables grâce à de longs plans-séquence. Un plan de mort dans les rues, avec les rituels des habitants dans le fleuve sacré Ganges, où la caméra devient un témoin qui capte l´inéluctable réalité d´un corps social traversé par la misère. Aujourd´hui, Calcutta compte 16 millions d´habitants. Depuis 2000 la ville reprit son ancien nom: Kolkata, un dérivé d´un terme la désignant comme la terre de Kali, déesse de l´hindouisme qu´on vénère.

Des déchets qui s´entassent aux coins des rues, des milliers de gens dormant dans les rues et avenues, font partie du paysage urbain qui inclut des millions de vendeurs qui déambulent à toute heure. Les gens dorment, se baignent, mangent et vivent à la belle étoile. Leur pauvreté déchire le coeur. Le fleuve qui divise en deux cette mégalopole, n´est pas le Ganges, c´est un affluent, mais pour les Bengalis qu´y habitent, cette eau s´avère sacrée. Les pèlerins qui s´entassent sur ses rives, ne veulent que se baigner, purifier leurs corps, laisser leurs offrandes de toute sorte et réaliser des rites funéraires. Louis Malle l´a minutieusement détaillé à travers l´utilisation de l´image. La faim, l´agglomération, les vestiges d´un empire.

“Les empires modernes ont laissé surgir leurs failles, justement parce que le savoir a cru en eux d´une manière sans aucun doute démésurée, au regard des effets du pouvoir. L´empire moderne a la faculté que, où qu´il étende son aile, l´accompagne cette disjonction au nom de laquelle on peut faire de la faim en Inde, un motif qui nous pousse à une subversion ou révision universelle à faire quelque chose de réél, voyons ! ” (Jacques Lacan, séminaire 16).

Jacques Lacan fit part au Nouvel Observateur du 29 mars 1976, d´une opinion à propos du film du réalisateur Jaquot Benoit L´ASSASSIN MUSICAL. Dans cet article il affirma que le cinéma est un art concu pour plaire, mais qui a une particularité qui le rend fundamental: il a la capacité de convaincre et en outre, si le réalisateur a du talent, c´est un plus que Lacan désigne comme ” mettre dans le mille”.

Le réél met dans le mille. Il vise le détail intime qui engendre un avant et un après dans la logique temporelle. Mais la présence du réél bouleverse la structure subjetive dans un large spectre, ce sont des variables exprimées dans l´inhibition ou la capacité de gestion, pour donner de simples exemples. Jacques- Alain Miller, dans son cours du 13 janvier 1999, se demande si on peut se servir du réél, et coïncide avec Lacan: on s´arrange et on peut supporter le reel. On ne s´embrouille pas avec lui.

La présence du réél nous rappelle à cor et à cri, que le symbolique peut circonscrire le triomphe de l´imaginaire. Que ce soit la faim dans le monde, jusqu´aux épisodes de privation individuelle de liberté, (comme il s´est passé récemment avec l´affaire Mitra) cela peut nous réunir non seulement nous les psychanalistes, mais aussi tous ceux qui s´engagent vers une société à la dérive. Une recherche possible appliquée au domaine du discursif et social, pourrait être la réponse au réél paraphrasant ce mot écrit par Freud à Einstein: le scientifique avait exprimé poétiquement que “même la plus petite goutte de rosée tombée du pétale d´une rose au sol, peut retentir sur l´étoile la plus lointaine”, ce à quoi le génie viennois avait rétorqué , que tout ce qui favorise le développement de la culture, opère de surcroît contre l´expression du réél de la pulsion de la mort qui est la guerre.


References

  • S. Freud. Obras Completas. Tomo XXII “¿Por qué la guerra?” (Einstein y Freud 1932/1933). Ed. Amorrortu.
  • J. Lacan. Seminario 16. De otro al otro. Ed. Paidós. 2008.
  • J.A.Miller. La experiencia de lo real en la cura psicoanalítica. Ed. Paidós. 2003.
  • C.G.Motta. Las películas que Lacan vio y aplicó al psicoanálisis. Ed. Paidós. 2013.

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